Après les Yamas et Nyamas, voici la liste des 6 derniers piliers de l’Ashtanga Yoga :
3) Asana :
Asana est la posture. La posture est une forme que nous réalisons avec notre corps. Or la distinction entre corps et esprit est elle aussi une forme de pédagogie n’ayant aucune prise dans le moment présent. L’asana est une forme de réalisation dans l’instant.
C’est pourquoi il est primordial en tant que pratiquant du yoga de comprendre le sens du rituel que constitue la pratique.
Depuis le mantra d’ouverture jusqu’à Savasana tout à un sens.
La posture permet de s’établir en soi, dans cette forme sensible.
4) Pranayama :
Le Prana est l’énergie. Pranayama traduit les exercices que nous pouvons faire à partir du souffle. Esprit et souffle étymologiquement sont synonymes. La conscience du souffle guide vers la réappropriation de sa propre énergie. De son pouvoir créateur. Au delà des croyances et des injonctions quelle est ma volonté ? Ai-je le pouvoir de l’assumer ?
5) Pratyara :
Elle exprime l’écoute de Soi. Elle permet de se ressentir. L’état intérieur n’est pas toujours perçu dans la vie quotidienne. Lorsque l’esprit est pris par l’environnement et les affects de toutes sortes les réponses seront automatiques voire réflexes et tournées vers l’extérieur. Pratyara est la faculté que nous avons de résister à toutes formes d’agitation ou de divertissement. Elle implique une involution des sens. Un regard intérieur, une écoute active , une présence à Soi. Une sorte de vigilance.
6) Dharana :
Traduit notre état attentif qui a intégré ce qu’il sait. Les événements qui arrivent sont réels et constituent notre expérience passée. Une vision globale dans le moment présent permet de comprendre le sens de ce que nous vivons au delà de réactions automatiques « j’aime » « je n’aime pas ». Quand nous sommes conscients et réfléchissons globalement à partir de la connaissance nous pouvons prendre des décisions saines. En d’autres termes, nous pouvons constater dans la sphère de notre esprit l’ensemble de nos motivations et choisir ce que nous voulons. Au lieu de focaliser sur un point comme Dharana est habituellement traduit il s’agit de pouvoir considérer la sphère totale de notre esprit dans le même temps.
7) Dhyana :
Communément on oppose la sensibilité au mental, à l’intelligence. Or, ces catégories n’existent pas vraiment. Dhyana est la réflexion. On n’imagine pas un pianiste qui ne réviserai pas ses gammes ou un danseur qui ne reverrait pas ses pas. Le yoga est d’abord une étude. L’étude portant sur Soi implique un véritable travail de réflexion intelligent. Dhyana est l’état de savoir sans lequel les prises de conscience et les transformations internes ne peuvent se faire.
8) Samadhaya :
Samadhi exprime notre état naturel. Quand je ne projette plus mon affect dans les choses et les différents événements je peux constater la réalité à partir de mon savoir et non plus à partir de mes croyances. L’état de Samadhi exprime l’unité. Quand ma vision est accordée au réel.
Ne pas rechercher dans le yoga ni un refuge ni une solution à nos problèmes ni attendre un état où il n’y aurait plus d’obstacles.
Par la pratique des 8 membres c’est la texture même de nos pensées qui se trouve modifiée. Regarder en soi ne consiste pas à regarder ses pensées ni à décortiquer son passé ou son avenir. Plonger en soi-même consiste à explorer ses différentes dimensions.
Nous sommes des êtres sensibles et pensant par nature mais la pensée conditionnée occupe chez nous toute la place.
Elle choisit et répond sans que nous puissions exprimer notre véritable désir.
L’étude des 8 membres du yoga nous conduit au seuil du Soi.
Nous conclurons avec ceci : La lecture est au seuil de la vie spirituelle, elle peut nous y introduire: elle ne la constitue pas, Marcel Proust.
*/** traduction dans les sutras de Patanjali décryptés, Arnaud Kancel.
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